Kinotron: Reviens-moi

Publié le par nikko13

Reviens-moi (Atonement)

Eté 1935. Malgré la canicule qui frappe l'Angleterre, la famille Tallis mène une vie insouciante à l'abri dans sa gigantesque demeure victorienne. La jeune Briony a trouvé sa vocation, elle sera romancière. Mais quand du haut de ses treize ans, elle surprend sa soeur aînée Cecilia dans les bras de Robbie, fils de domestique, sa réaction naïve face aux désirs des adultes va provoquer une tragédie et marquer à jamais le destin du jeune homme.

James McAvoy. Studio Canal Keira Knightley. Studio Canal

Incontestablement, Reviens-moi est un très beau mélodrame. Je n'avais pas tenté Pride and Prejudice du même Joe Wright pour une simple question de feeling (alors que j'adore Raison et Sentiments ou Emma) mais je vais me raviser au plus vite, ce jeune cinéaste est un talentueux conteur doublé d'un brillant directeur d'acteurs.

Le film est composé de deux parties bien disctinctes (plus un épiloque) et je ne peux que confirmer ce que d'autres ont dit avant moi, la première est absolument envoutante. Il s'agit de suivre une journée à l'issue de laquelle un événement va bouleverser bien des vies. A commencer par celles de Cecilia et Robbie. Ils ne sont pas du même milieu social, mais s'aiment passionnément une fois cachés du regard des autres. Ils ne réalisent pas que la jeune soeur de Cecilia, Briony, les observe avec un incontrôlable sentiment de jalousie. Ceci est très bien rendu dans le film par une double lecture des événements, leur interprétation étant radicalement différente en fonction du point de vue. Dans ce contexte risqué, le couple Keira Knightley - James McAvoy est troublant de sincérité et leur fougue palpable.

C'est lorsque l'événement finit par intervenir que j'ai eu un peu de mal à gober le basculement. Robbie est accusé du pire. Il a beau être d'un milieu modeste (fils d'une domestique), il n'est pas indigent et peut compter sur son intelligence. Alors comment se fait-il qu'il ne puisse mieux défendre son innocence et que la police soit si expéditive. Cecilia ne pouvait-elle rien dire ? Et les jumeaux ? Certes, nous sommes dans un mélo et sans ça il n'y aurait plus de film, mais un tel basculement sur des charges aussi imprécises m'ont un peu "extrait" de l'ambiance. Ou quand l'ellipse fait "gloups".

La suite nous entraîne 4 années plus tard, Robbie est sorti de prison pour intégrer l'armée comme simple soldat. Il rencontre Cecilia, devenue infirmière et réalisent tous deux que leur amour est plus fort que jamais... mais il doit partir au front, dans le nord de la France. Sur place, il ne pense qu'à la rejoindre et quand vient le moment de l'évacuation, les difficultés se font jour. C'est à ce moment que Joe Wright nous gratifie d'un suprenant souffle épique, avec un plan séquence mémorable que je vous laisse le soin de découvrir. Pendant que Robbie marque le pas, Cecilia reçoit des nouvelles de sa soeur. C'est alors que l'on s'attarde sur Briony perclue de remords et également devenue aide aux bléssés. Une manière d'expier sa faute. 

Cette seconde partie bénéficie de beaux moments d'émotion et une étude approfondie des personnages, mais malheureusement plusieurs scènes diluent la force du propos qui nous intéresse, à savoir l'amour de ces deux êtres que tout semble vouloir s'acharner à séparer. Ce trouble trouve une explication dans les dernières minutes qui seront variablement appréciées.

Reviens-moi peut être inégal dans son ensemble, mais la puissance de la première demi-heure ne m'a pas quittée. Et quitte à me répéter, Keira Knightley (lumineuse) et James McAvoy (intense) ont parfaitement su incarner la passion, celle qui survît à toutes les avanies de l'existence.



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