Charcutages: une rétrospective (suite)

Publié le par nikko13

Maria Kalinina. TFM Distribution

Stay Alive. Lorsque les executifs de Buena Vista (par extension Disney) donnent le feu vert à la production d'un teen movie horrifique, ils peuvent se figurer qu'un certain nombre de plans sanguinolents seront nécessaires. Et ben pas plus que ça ! Stay Alive confronte une bande "gamers" à un sinistre jeu vidéo dans lequel la mort de l'avatar conduit immédiatement à celle du joueur. Il y a donc tout intérêt à éviter les pièges d'une certaine "comtesse sanglante".

William Brent Bell tourne son second film en 25 jours, mais comme d'habitude, les embrouilles arrivent au moment du montage. Le studio fait le forcing pour passer d'une notation "R" à un "PG-13" bien plus inoffensif. C'est à contre coeur que les artisans du film biffent quelques scénes et des plans riches en hémoglobine. Stay Alive sort en salles à travers le monde en affichant une durée de 85 petites minutes. Fort heureusement, la sortie en DVD sauve les meubles (aux States du moins, ce choix éditorial n'ayant pas vu le jour en France) en proposant au choix le film remonté ou sa version uncut, rallongée de 15 minutes. Pour dire, le magazine Entertainment weekly révisa son avis sur le film, un sinistre "D-" revenant au Stay Alive light et un estimable "C+" récompensant la version intégrale.

Agnes Bruckner et Patricia Clarkson. United Artists

The Woods. Encore un film d'épouvante à faire les frais des atermoiements d'un studio (la United Artists en l'occurrence) ! Auréolé du succès critique et public de May, Lucky McKee s'attaque à un sujet intriguant. La jeune Heather est envoyée dans un pensionnat isolé (au beau milieur d'une forêt vous pensez...) et devient la tête de turc de ses camarades. Quand des élèves viennent à disparaitre, Heather est victime d'étranges visions. Le tournage de The Woods débuta courant 2003 puis la bande demeura dans des cartons... jusqu'à une sortie "à la sauvette" en DVD fin 2006 !

Et vous imaginez bien que dans ce laps de temps, la vision du réalisateur (emoussée par une post-production interminable) n'a pas résisté longtemps à quelques coups de ciseau du studio. En l'état, The Woods distille une ambiance intéressante et c'est visuellement agréable. En revanche, la dernière partie déséquilibre l'ensemble avec une curieuse précipitation... Dans un contexte plus "zen", le film aurait peut être été un petit bijou.

Chapeau melon et bottes de cuir. En ce mois d'août 1998, le monde a peur. Le bruit court que l'adaptation au cinéma de la mythique série initiée par Brian Clemens serait catastrophique. Et le bruit a carrément raison... même l'affiche est une horreur ! Mais quel cybernaute a bien pu piquer le réalisateur Jeremiah Chechik ? L'auteur de l'engourageant Benny and Joon - certes suivi du pitoyable remake Diabolique - semble avoir totalement perdu ses moyens face à l'ampleur du challenge.

Car rien ne fonctionne. A commencer par le couple Ralph Fiennes / Uma Thurman qui n'a pas l'once du charme du duo Patrick McNee / Diana Rigg (même si les autres comparses ne déméritent pas). L'histoire ? Elle est si incompréhensible que même Sean Connery en mégalo détraqueur de météo (!) ne parvient pas donner un semblant d'intérêt. C'est dans la plus parfaite anarchie que les séquences - plus ou moins inspirées et fidèles au matériau d'origine - se succèdent. Clairement, il y a eu du remontage sauvage. Pour s'en faire une idée, il suffit d'observer la bande annonce de l'époque: quasiment tout ce qui s'y trouve n'a pas été conservé pour le métrage final !

En effet, fleurant l'embrouille, le producteur Jerry Weintraub épaulé par la Warner se livrèrent au préalable à des projections test. Les résultats s'avèrerent désastreux tant est si bien que Chapeau melon et bottes de cuir, qui durait alors plus de 2 heures, va être taillé à la serpe. La sortie mondiale est décalée de plusieurs semaines, le temps que le film soit porté à une durée de 89 misérables minutes. Ces précautions n'auront pas permis d'éviter l'accident industriel. Outre les spectateurs, une victime notable sera Chechik, qui jusqu'à aujourd'hui n'a plus signé grand chose. C'est l'effet baiser de Midas...

Christopher Reeve. Warner Bros.

Superman II. Quelle belle invention que le DVD. Depuis un petit moment, tout le monde peut enfin acheter Superman II avec ses deux versions incluses ! La première, c'est bien le film tel que sorti en salles, signé Richard Lester. La seconde, parfaitement inédite permet au réalisateur originel, Richard Donner (également responsable du tout premier épisode) de livrer son propre montage.

Plus de 20 ans après, c'est une opportunité de découvrir sous un autre angle un excellent film de super-héros. A l'origine, Donner devait s'occuper des deux premiers Superman. Mais, alors que le second épisode était complété à 70 %, des divergences de vues apparurent entre le réalisateur et les producteurs (Ilya Salkind en tête). Prié de plier bagages, Donner laissa son fauteuil à Richard Lester. Ce dernier imprima sa marque sur le film, atténuant l'aspect épique et dramatique pour revenir vers l'esprit du comic book.

De fait, le cut de Donner enfin exhumé traite Superman de manière plus "sérieuse". La relation entre Clark Kent et Loïs Lane est plus approfondie, les scènes avec les kryptoniens plus étoffées et surtout, les interventions de Marlon Brando en Jor-El - soit une quinzaine de minutes - sont réintégrées (une embrouille contractuelle avait conduit Lester à s'en passer). Au final, c'est un tout autre film avec 50 % de changements ! Pour avoir les nombreux détails de ce mic-mac, consultez l'article de Wikipédia (en anglais).

Notez que Superman IV a lui aussi été tronçonné. Marc Rosenthal, scénariste, raconte que le film a été amputé de près de 45 minutes suite à une projection test. A la base, il devait y avoir deux "hommes nucléaires". Celui restant dans la version actuelle étant le second. Plus de détails ici !

D'autres films charcutés seront abordés prochainement: Cursed, Dr Waï, La porte du paradis, La splendeur des Amberson, Alien 3, Dune, Perdus dans l'espace, Grindhouse (projet initial), Les rapaces, Highlander 2, Kingdom of Heaven (pas catastrophique), L'Etau, Die Hard 3 (la fin), Evil dead 3, Caligula, Taram et le chaudron magique...



Publié dans Kinotron

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B
Comme je l'ai mis dans mon texte sur "Boulevard de la mort", le fait que les 2 'Grindhouse" de QT et RR sortent séparés en europe ne me choque pas (j'ai lu qqpart dans ton blog ton petit coup de gueule contre ce principe ;)) Pour moi, on n'a pas en Europe la culture des grindhouse contrairement aux USA et il ne me parait donc abosluement pas scandaleux que les films sortent séparément. Surtt qu'au final, qd je vois "Boulevard de la mort", je me dis qu'il est parfait comme celà (1h40) et si jamais je vois le version de 1h, il n(est pas impossible que je sois frustré de la 1/23 heure manquante... ;))
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