Quand la Cannon animait Cannes...

Publié le par nikko13

Ah, les eighties ! Période incroyable ou l'argent était roi, la flambe bienvenue et l'annonce fracassante. C'est à cette époque que naquit la légende de la Cannon.

Cette société de production était dirigée par deux cousins, Menahem Golan et Yoram Globus. Ils ont connu leur âge d'or au milieu des années 80 après avoir fait fortune avec des films populaires produits à peu de frais. Ils démarrent en Israël (avec des comédies à succès notamment) avant de creuser le filon de l'action. C'est ainsi que Chuck Norris enchaînera les Delta Force et Portés disparus; Charles Bronson ses "Justiciers"; Michael Dudikoff ses American Ninja. Les dialogues sont limités à l'essentiel, la musique estampillée Bontempi et on y va franco pour ce qui concerne la baston.

La formule fonctionne. Les Philippines - lieu de tournage idéal à l'époque - se frottent les mains et les dollars pleuvent. Naturellement, le duo Golan - Globus vient flamber à Cannes le mois de mai venu. Et on ne fait pas dans la dentelle. Promotion à gogo, conférences de presse qui en jettent... C'est ainsi que l'on fait grand bruit autour du lancement du film "Over the top" (avec Stallone qui touchera un cachet jamais vu alors pour incarner un champion de bras de fer) et que l'on parle d'une légende qui veut qu'en 1986 Jean-Luc Godard signa pour un "King Lear" sur un coin de nappe... Un film resté longtemps invisible pour cause de procès entre les signataires (il faut dire que le résultat serait assez spécial).

La Cannon, alors considérée comme une mini-major, annonça à Cannes de nombreux projets restés lettre morte. A l'instar de "Spiderman"... et on peut s'en féliciter, la franchise ayant échappé au massacre lorsque l'on admire les catastrophes que sont Superman IV et Captain America. C'est bien connu les super héros vivent mal les coupes budgétaires.

Et dès 1987, le vent tourna durement pour la compagnie. Les flops coûteux se succédèrent ("Life force", "Les maîtres de l'univers"...) à peine équilibrés par les premiers films d'un certain Jean-Claude Van Damme. Cannon sombrait alors, au désespoir des amateurs de nanars. En 1990, la messe était dite après la sortie de... "Lambada: le film", dernier effort pour satisfaire les goûts changeants du public.

Menahem Golan continua à se rendre à Cannes aux manettes de la New Cannon, avec des films toujours plus fauchés (dont une adaptation de "Crime et châtiment, trouvable dans les bacs de dvd à 1 euro)... A l'ombre de son fastueux passé.

Notez que l'homme a tout de même été en sélection officielle du Festival 1968 en qualité de réalisateur du film "Les 7 filles de Tuvia". Les voies du cinéma sont impénétrables.

  



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