Kinotron: Trois jours à vivre 1 & 2
Trois jours à vivre 1 & 2 (In drei Tagen... bist du tot)
Double séance sur Canal + histoire de découvrir le cinéma d'horreur autrichien, fort peu représenté. Au minimum, ceci a le mérite de nous sortir du sempiternel Michael Haneke. Le premier volet de Trois jours à vivre (2006) s'intéresse à cinq adolescents fraîchement diplômés qui reçoivent tous un énigmatique texto : « Dans trois jours, tu es mort ». Ils pensent dabord à une plaisanterie jusquau moment ou ils découvrent lun des leurs estourbi au fond dun lac. Alors que la recherche du coupable sintensifie, les meurtres sanglants saccumulent. Nina et ses camarades survivants se remémorent un drame survenu dans leur jeunesse qui pourrait être la cause de ce cauchemar
Sur la trame rebattue et dévoyée dun Souviens toi lété dernier, Andreas Prochaska parvient à trouver léquilibre en tournant le dos au second degré (les scènes gore y vont franco) et en appliquant un traitement que je qualifierai de naturaliste (les rives humides dun lac autrichien mettent dans lambiance). Bonus non négligeable, lallure comme les réactions des acteurs séloignent des sempiternelles bourdes de bimbos et sportifs crétins habitués aux slashers américains.
Deux ans après, Prochaska nous livre la suite de Trois jours à vivre. Cela dit, le titre nest plus vraiment justifié puisque lhistoire sur concentre sur Nina, rescapée du drame qui reçoit un mystérieux appel au secours de son amie Mona. Surmontant son traumatisme, Mona retourne sur les rives du lac qui a vu sa vie bouleversée. Mais Mona ne vit plus ici, elle aurait déménagé avec son père au Tyrol. Aveuglément, Nina se rend dans les montagnes enneigées pour trouver un chalet laissé inhabité. De fil en aiguille, elle se retrouve confrontée à une famille vivant recluse dans une auberge. Lhorreur peut (re)commencer, mais donc plus question de sms de mauvais augure et de compte à rebours mortel.
Après le slasher, Trois jours à vivre 2 lorgne vers Hostel et La colline à des yeux dans lexploitation de la bonne vieille famille dégénérée. Le problème, cest que le réalisateur tarde à nous plonger au cur du sujet. La première heure se focalise longuement sur les traumatismes de Nina et son enquête au petit bonheur la chance. Lennui na plus quà sinstaller, même si lambiance est à nouveau au rendez-vous. Si le cinéma américain sait faire du Texas un repaire des débiles mentaux, Prochaska parvient à rendre anxiogène le Tyrol hivernal. Le réalisateur na pas son pareil pour scruter les détails perturbants dun décor. Une mèche de cheveux, un cendrier, un vieux verrou sur une porte
et hop, langoisse monte. Ceci dit, la dernière demi-heure vient récompenser la patience du spectateur car lodyssée vengeresse de Nina y va franco dans la violence. Du sang et des larmes
et en bonus un petit twist tiré par les cheveux !
Conclusion : avec ces deux films, honnêtes et réalisés avec soin, lAutriche prouve que qualité vaut largement mieux que qualité. Bon nombre de pelloches françaises devraient en prendre de la graine, car pour un Martyrs (très imparfait) ou un Haute Tension, combien de Ils, Frontière(s), de Lady Blood et Promenons nous dans le bois râtés?