Kinotron: Surveillance
Deux agents du FBI arrivent dans une petite ville perdue pour enquêter sur une série de meurtres. Ils retrouvent sur place trois témoins : un policier à la gâchette facile, une junkie complètement déconnectée et une petite fille de huit ans encore sous le choc. Au cours des interrogatoires, les agents découvrent rapidement que les témoins donnent chacun une version différente des faits, dissimulant manifestement une partie de la vérité.
15 ans après Boxing Helena (une paille), Jennifer Chambers Lynch revient avec un thriller particulèrement noir... et délectable de bout en bout. Mon seul regret aura été d'en avoir trop lu sur le film. Mine de rien, quelques magazines abusent en déflorant d'importants éléments sans jamais alerter au préalable. Enfin, il ne faut pas non plus être devin pour saisir le fin mot de l'histoire. Par bonheur, la force de Surveillance s'exerce en usant bien d'autres leviers : narration prenant le temps de poser ses jalons, personnages troubles, flash-backs éprouvants... Une grande partie du mérite revient aux acteurs, tous excellents. Le mystérieux duo d'agents du FBI interprété par Julia Ormond (que l'on est ravi de retrouver au premier plan) et un Bill Pullman saisissant marquera durablement les esprits... mais l'incroyable petite Ryan Simpkins (qui joue à merveille l'innocente Stephanie) et l'hallucinant Kent Harper (en flic totalement siphonné) contribuent grandement au délicieux malaise ressenti.
Ajoutons que la fille de David Lynch jongle avec bonheur entre excès sanglants, humour parfaitement sinistre et dialogues à l'ironie mordante... Sans jamais négliger le sens du cadre, avec les décors désolés du midwest sublimés. Two thumbs up !