Kinotron spécial: le grand ménage !

Publié le par nikko13

Quand faut y aller, faut y aller ! Depuis le temps que j'en parlais, voici mon grand ménage estival. A force de décaler mes critiques, j'ai accumulé un retard considérable... qu'il était urgent de combler. Pot-pourri d'impressions, c'est parti...

On commence dans l'allégresse avec un visionnage récent, Hunted (While she was out) de Susan Montford, qui décroche haut la main la Palme du film le plus navrant de l'année. On y trouve Kim Basinger dans les frusques d'une mère de famille mal dans sa peau prise en chasse par quatre voyous. En pleine forêt et dans la nuit, personne ne l'entendra crier qu'ils disaient. J'ai littéralement halluciné devant la bétise de ce thriller. Situations grotesques en plus d'être non-sensiques, dialogues consternants... Le plus bidonnant est de voir Kim se trimbaler avec une caisse à outils qui - miracle - lui permettront de trucider métronomiquement ses poursuivants. Hop un cric dans les naseaux, pan le tournevis taquine la glotte... Je passe sous silence le dernier quart d'heure qui défie avec un sérieux papal les limites du ridicule le plus achevé. 0/4.

Haut et CourtPour se remettre, je souhaite braquer le projecteur sur Elève libre de Joachim Lafosse qui retrace le parcours initiatique (et non moins sexuel) de Jonas, adolescent en échec scolaire pris en main par un trio d'amis adultes aux moeurs libérés. Progressivement, les relations ou il est plus question d'entraîner que de forcer se troublent. Faut-il réellement parler d'abus sexuel ? Quelles seront les implications de ces dérives sur le long terme ? Lafosse ne prétend pas répondre mais pose les bases de la réflexion, avec une grande sensibilité. Jonas Bloquet est épatant et Jonathan Zaccaï absolument génial. Troublant et enjoleur : bravo ! 4/4.

Prodigy PicturesRedescendons d'une petite division pour aborder Stuck. Ce petit film signé Stuart Gordon (Robot Jox, Fortress) ne semble pas décidé à sortir en France et j'ai donc pris des mesures pour vérifier s'il valait sa bonne réputation. Je suis tenté de répondre par l'affirmative. Il s'agit d'une série B solide, dans la veine de Que la chasse commence ! avec Mena Suvari dans la peau d'une infirmière perdant tout sens commun lorsqu'elle percute un SDF en pleine rue. Plutôt que de se ruer aux urgences, elle préfère laisser le misérable souffrir le martyr, encastré dans le pare-brise. Tout ceci est parfaitement immoral mais baigné d'un salvateur humour noir. Et soyez rassurés, les salauds payent leurs crasses cash ! Stuck est un miroir sur l'égoïsme et l'immoralité qui infusent toujours plus la société. Rien que pour ça, merci Stuart. 3/4.

François-Xavier Demaison. Mars DistributionRetour en France pour Coluche, l'histoire d'un mec qui raconte la vie de l'humoriste au moment de sa candidature à l'élection présidentielle de 1981. Cependant, il n'a échappé à personne que les réalisations d'Antoine de Caunes sont généralement foireuses (de Morsures de l'aube en Désaccord parfait, on s'est bien fait braire). Ce film reste dans la même lignée. C'est propret, très scolaire, mou. Ainsi, les acteurs qui jouent des figures connues (Choron, Reiser) sont bien choisis et de sages fondus au noir clôturent chaque séquence... et on ne ressent rien. Rien de drôle, d'émouvant ou d'informatif. Reste un livre d'images traversé par un Coluche presque antipathique, interprété convenablement (mais sans audace particulière) par François-Xavier Demaison. 0,5/4.

Fast-forward en 2013 pour une nouvelle "Bessonerie" bas de plafond, Banlieue 13 Ultimatum ! La suite du film de Pierre Morel (qui remonte à 2004) a été confiée au pépère Patrick Alessandrin (15 août, Mauvais esprit) et le résultat est clairement déplorable. Une véritable foire aux clichés au milieu de laquelle Cyril Raffaelli et David Belle tentent de donner le change, sans grand succès. L'intrigue tourne autour d'une unité de police chargée d'influencer le président de la république (Philippe Torreton, venu cachetonner) dans la perspective de réduire en poussière la zone à problèmes. Naturellement, la magouille va être captée et les gangs - chinois, musulmans, blacks, skins, gitans... rien de moins - vont surmonter leurs différents pour préserver "leur quartier" (et donc leurs trafics et exactions si ont y réfléchit bien). Tout ceci est stupide, le sommet étant atteint lors des 10 dernières minutes. Bon, si au moins on avait eu notre dose de combats et de parkour... mais même pas ! Préférant les dialogues niaiseux, Alessandrin fourgue une chorégraphie en bois à Raffaelli déguisé en pole-dancer et un descente d'immeuble express à Belle. Totalement à la masse. Continue comme ça Luc... 0/4.

Tommy Lee Jones. TFM DistributionNext ! Allez hop, voici Tommy Lee Jones plus renfrogné que jamais dans le premier film américain de Bertrand Tavernier, Dans la brume électrique (In the electric mist). Alors non, je n'ai pas lu le roman de James Lee Burke, du coup ne comptez pas sur moi pour faire le jeu des 7 erreurs. Reste un polar de bonne facture se déroulant dans la moiteur du bayou se trouvant affaibli par une intrigue principale vaporeuse... elle même diluée par une ribambelle de ramifications entre passé et présent, réel et fantasme. C'est ainsi que des soldats confédérés tapent la discute avec l'inspecteur Dave Robicheaux avant que ce dernier ne vienne constater les dommages de l'ouragan Katrina sur la Nouvelle Orléans et ses habitants. Même sensation de flottement lorsque les coulisses d'un tournage viennent cotoyer la présentation d'une mafia locale aux maigres ambitions. Sur le papier ça doit passer, mais pour le grand écran, il aurait fallu tailler dans le lard. 2/4.

Abordons à présent 20 minutes de bonheur avant que ce documentaire ne soit périmé pour de bon. En effet, Oren Nataf et Isabelle Friedman nous convient à vivre les dessous de feu l'émission de TF1 Y-a que la vérité qui compte animée par Pascal Bataille et Laurent Fontaine entre 2002 et 2006. Le principe était d'inviter une personne et de la confronter à une surprise (ancien amour, papa perdu de vue) avec la possibilité ou non d'ouvrir un rideau. Un vrai programme à deux balles dont la chaîne privée a encore l'habitude de nous "régaler". 20 minutes de bonheur se contente d'observer les briefings préparatoires qui déshumanisent naturellement les belles intentions de l'émission. On y parle misère humaine, problèmes affectifs mais aussi audience, part de marché, identification ou équilibre des profils à inviter (pas trop de cas homosexuels sur un enregistrement que diable, la ménagère attend de la variété). Oui, tout ceci fait très supermarché des sentiments, mais il n'y a rien de très étonnant à cela. On peut aussi halluciner sur les méthodes peu reluisantes des "journalistes" (je pencherais plus pour "stagiaires aux dents longues") chargés de dénicher les prochains cas. Ca pipeaute et manipule allègrement because faut aller vite. Aujourd'hui, l'émission n'est qu'un vague souvenir. Quelques autres ont pris le relais. Des gogos continueront à regarder. D'autres à y participer. Nataf et Friedman ont donc un peu enfoncé les portes ouvertes, mais l'immersion ne manquait pas de sel (les discours du rédac' chef sont à se rouler par terre). Dernier point toutefois. Ce n'est pas parce qu'on fait du documentaire sur la télévision qu'il faut infliger au spectateur un rendu aussi pourri : image crade, synthés non-exempts de fautes d'orthographe... Un peu limite ! 3/4.

Annette Bening, Eva Mendes et Jada Pinkett. TFM DistributionA présent, place à The Women, sorte de Sex in the city ringard et dénué de toute ambition (même au niveau des fringues portées par les protagonistes). Preuve que cette histoire de femme trompée soutenue par ses amies proches n'a aucun atout à faire valoir : même ma chérie a été barbée ! La réalisation sans relief de Diane English ne viendra pas faire de l'ombre au film original signé George Cukor voici 70 ans. A la limite, c'est un bon moyen de déprimer en constatant les ravages du temps (et surtout de la chirurgie esthétique) sur Meg Ryan, Annette Bening, Candice Bergen et Bette Midler. Tout ici n'est que bavardages et problèmes de parvenues. Si au moins quelques lignes de dialogues avaient pu surnager... mais même pas. Maigre lot de consolation : Eva Mendès, même dans un rôle absolument minable reste mignonne à croquer. 1/4.

On revient sur le continent européen, en Espagne pour être précis, afin de dire un mot du film de Gonzalo Lopez-Gallego Les proies (El rey de la montana, un titre original plus flatteur). Il s'agit d'un efficace survival se déroulant un cadre fort majestueux. Le piège se replie sur un type tombé "au mauvais endroit au mauvais moment" (non sans avoir passé un moment caliente avec une inconnue croisée dans les toilettes d'une station-service). Reste à savoir qui sont ces tueurs fous planqués dans les hauteurs... et qui parviendra à s'en sortir autrement que les pieds devant ! Le rythme est ténu, la photo magnifique, l'ambiance oppressante. En outre, Lopez-Gallego achève son essai avec un dernier quart d'heure puissant, porté par de nombreux plans en vue subjective, particulièrement évocateurs. Quand un film de genre prend de la hauteur en soulevant une question de société, il n'y a plus qu'à lever le pouce. 3/4.

Bruno Solo et Yvan Le Bolloc'h. TFM DistributionEt pendant ce temps en France... on découvre attéré une nouvelle comédie navrante nommée Le Séminaire. La suite d'Espace détente (lui même issu du programme court Caméra café) est un cran plus désespérante avec son scénario en mousse, sa mise en scène paresseuse (Charles Nemès dormait ou quoi ???) et ses acteurs au radar. Jean-Claude Convenant et Hervé Dumont restent stanqués dans la beaufitude la plus absolue, contraints de composer avec leurs problèmes conjugaux en même temps qu'un séminaire de motivation pour les employés phares de Geugene Electro Stim. L'étude de moeurs ne tient pas un round et il n'y a pas l'ombre d'un gag réussi à signaler. J'ai lu que Bruno Solo avait menacé de tarter Alexandre Pesle (Sylvain dans la série, absent de cette catastrophe) qui avait eu l'outrecuidance de dire que Solo et Le Bolloch avaient mis en route Le Séminaire pour une histoire de fric. Devant le manque d'inspiration de l'objet, on est pourtant en droit de se poser la question. Fort heureusement, le public n'a pas été dupe et nous devrions être à l'abri d'une nouvelle purge. 0/4.



Publié dans Kinotron

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article