Kinotron spécial Uwe Boll: Far Cry, Postal, Alone in the dark II

Publié le par nikko13

  

Le trio infernal !
Far CryPostalAlone in the dark II

Far Cry ou comment flinguer l'image d'un FPS de qualité

Dernière licence en date flinguée par le Maestro allemand, Far Cry est - soyons clair - excessivement mauvais. Si la bande annonce laissait espérer une série B d'action très "eighties", le résultat est en dessous de tout. La réalisation et le montage frôlent l'amateurisme et niveau interprétation, on récure le fond. Jack Carver (Til Schweiger) - qui dans le jeu est un membre des forces spéciales de l'armée US - devient un ressortissant allemand à l'accent très marqué, versé dans la blagounette à la noix. Même nivellement par le bas pour l'île paradisiaque qui devient un recoin paumé de Colombie Britannique (adresse favorite des tournages à l'économie). Enfin les créatures modifiées génétiquement ont été troquées pour des super-soldats au teint blafard. Far Cry est mauvais sur l'intégralité de sa durée de 90 minutes : bastons mollassonnes, poursuites filmées en dépit du bon sens, sidekick humoristique à baffer... Zéro absolu !

Postal, le coup de gueule d'un artiste incompris

Uwe a eu sa phase "en colère contre le monde entier" et il n'a pas hésiter à donner de sa personnalité dans ce Postal. Le résultat est un brouillon indigeste mélangeant Al Qaïda, racines allemandes, Verne Troyer et j'en passe. Le tout verse dans le politiquement incorrect brut de coffre. Sans vouloir m'étendre, je n'ai pas aimé (traité avec des semelles de plomb, la blague tourne vite en rond), mais c'est l'un des rares produits fréquentables du bonhomme.

Alone in the dark II sous mauvaise influence

Pour le coup, Uwe Boll se contente de produire... mais la réalisation étant assurée par ses deux âmes damnées (Michael Roesch et Peter Scheerer), il était permis de douter de la qualité du produit. Et banco, c'est pire que tout ! Incapable ou non désireux de rebondir sur le premier épisode, Alone in the Dark II se focalise sur une vague histoire de sorcière, ponctuée par des éclairs capables de se déclencher dans les morgues et sous-terrains (ils sont forts ces éclairs) et des apparitions spectrales gloubiboulguesques (qualitativement parlant). Que les fans du jeu ne s'étonnent pas, Edward Carnby est désormais asiatique puisque Rick Yune (principal fait d'arme : il était le méchant dans Meurs un autre jour) reprend le rôle. Un boulot pas très foulant puisqu'il ne se passe quasiment rien... La palme revenant au "climax" final, ahurissant dans sa nullité frontalement affichée. Inconcevable.

Tara Reid et Christian Slater. Lions Gate Films Inc.Le tableau de chasse d'Uwe Boll

La reconnaissance de notre homme remonte à l'année 2003. Après avoir signé quelques téléfilms de peu d'intérêt (Sanctimony, Heart of America), Uwe décroche les droits du populaire - mais vieillissant - jeu d'arcade de Sega "House of the dead". Nanti d'un budget correct (car il maîtrise particulièrement bien les rouages de la fiscalité allemande), il signe un pur nanar comptant zombis nazes, dialogues surréalistes, acteurs calamiteux et effets ringards. House of the dead est nul mais drôle. Toutefois, le traitement par dessus la jambe de cette licence inquiète les amateurs de jeux vidéo... car Uwe Boll a mis la main sur les droits de "Alone in the dark", mythique trilogie survival horror des années 90.

Et ils n'ont pas tort. En dépit d'un budget encore plus large, Alone in the dark est une pure catastrophe, avec son casting en bois (Tara Reid... archéologue ?), son histoire stupidement alambiquée (sans oublier l'interminable carton introductif) et son montage désolant. Encore une fois, l'esprit du jeu est totalement fichu à la benne. Le film fait un four mérité et Uwe Boll devient une icône de la médiocrité.

Pas géné, l'allemand qui tourne plus vite que son ombre se jette sur BloodRayne, un autre jeu vidéo légèrement démodé. Il caste la Terminatrix Kristanna Loken pour le rôle titre tandis que Ben Kingsley, Michael Madsen, Billy Zane et Michelle Rodriguez viennent se fourvoyer contre quelques dollars. Au final, BloodRayne est acceptable visuellement, mais l'histoire demeure sans intérêt et trop de séquences sonnent faux !

Chose amusante, une société de distribution (Romar Entertainment) est mise sur pied specifiquement pour l'exploitation du film sur le territoire américain. Las, sur 2500 copies annoncées, moins de 1000 sont livrées. La fête est gâchée pour Uwe qui pensait faire son entrée dans le grand monde. BloodRayne disparait sous les huées après trois pauvres semaines d'exploitation (mais fait un peu mieux sur d'autres marchés, soyons justes).

Burt Reynolds. Brightlight PicturesPourtant, l'homme n'a pas joué sa plus belle carte. Tandis que sa vampirette se vautre, il entâme un tournage nanti de 60 millions de dollars. In the name of the King - A dungeon siege tale est encore une adaptation prise à la légère lorgnant vers Le Seigneur des anneaux sans le souffle épique, le réalisateur doué, les idées... enfin tout quoi ! Le cinéphile rigolard se souviendra du cabotinage de Burt Reynolds, du surjeu éhonté de Ray Liotta et de séquences d'action foncièrement médiocres. Le film sort dans un total mépris, remporte 4 pauvres millions aux Etats-Unis et passe directement à la case dvd dans bon nombre de pays (en France, il vient de sortir sous le nom King Rising, la critique est sur ce blog).

Ridiculisé, ayant pris conscience de la haine qu'il suscite chez de nombreux internautes, Uwe Boll réagit... en tournant encore plus vite... et mal. C'est ainsi qu'il a tout récemment aligné les fauchés et moisis Seed, BloodRayne 2, Postal, Tunnel rats, Far Cry... Et le pire c'est qu'Imdb annonce 10 nouveaux projets pour les années 2009 et 2010 ! Si ça c'est pas une fuite en avant...

Rudy : You did all this to become immortal. Why?
Castillo : To live forever!

(House of the dead)

Kristanna Loken. Brightlight PicturesLa "crew" du Docteur Uwe

 Masochisme ? Garantie de bosser régulièrement ? Il est étonnant de constater que ce bon Docteur Boll a su s'entourer d'une équipe très fidèle. Si les têtes d'affiche en perdition se relaient (Jason Statham, Ben Kingsley, Christian Slater...), de nombreux seconds sinon troisièmes couteaux se plaisent à cumuler les daubes estampillées Boll. Ainsi, le musculeux Ralf Moeller en est à sa cinquième collaboration (et c'est toujours un plaisir de le voir fumer le cigare tout en s'efforçant de réciter ses dialogues avec un fort accent germanique). Le nullard Will Sanderson cartonne avec sept projets partagés (beau score).  Nouvel abonné, le rouquin Zack Ward en est au troisième tour (qui a dit four ?)... soit pas grand chose comparé à Michael Paré qui apparaît dans rien de moins que dix "Bolleries" ! Ben voilà, si Ed Wood avait pour fétiche Bela Lugosi, Uwe Boll a Michael Paré... Côté technique, c'est la même chose. Mathias Neumann est le photographe récurrent tandis que Jessica de Rooij signe la quasi-totalité des BOF (qui ont pour habitude de ne présenter aucun intérêt). En cas de film "sanglant", on peut être assuré de voir crédité Olaf Ittenbach aux effets spéciaux... Ce nom parlera aux fines bouches qui ont apprécié le très barré Premutos.



Publié dans Kinotron

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