Les humoristes français au cinéma : tout un poème
Ah, le cinéma ! La consécration pour bien des artistes et les humoristes néchappent pas à la règle. Après un gros buzz médiatique et / ou un spectacle à succès, il est de bon ton de safficher dans un long métrage. Pour le meilleur et plus souvent pour le pire (faute du rire).
Elie Semoun : un opportuniste ne payant pas de mine ?
Le père Semoun est un cas difficile. Autant japprécie ses spectacles (même sil a aujourdhui une fâcheuse tendance à tourner en rond), autant au cinoche ça na jamais été brillant. A vrai dire, un seul réalisateur a su capitaliser sur son style sans trop tomber dans le radotage, cest Bernie Bonvoisin. Ainsi Les démons de Jésus (1996) et dans une moindre mesure Les grandes bouches (1998) sont hautement recommandables (dommage que ce réalisateur se fasse porter pâle depuis le four (mérité) de Blanche). Certes, dans ces deux cas Elie na que des rôles secondaires. Lorsquil tient le haut de laffiche, ça se corse. Dans les mêmes années 90, il se fourvoie dans une petite brochette de daubes : Le clône (seule relique d « Elie & Dieudonnésploitation », dune tristesse effroyable), Charité Bizness (avec un Smaïn en perdition), Tout doit disparaître ou encore Stringer. Kezako Stringer ? Cest tout simplement son premier essai dans rôle dramatique, celui dun paparazzi vidéaste dans les bas-fonds de New York. Seul intérêt à la chose : voir Elie donner la réplique à Burt Reynolds (qui se demande ce quil fiche là). On sera plus coulant avec Les parasites. Dans cette pochade, Semoun fait du Semoun (un flic crétin) mais le fait bien.
Les années 2000 ne marquent pas un grand changement qualitatif. Lhumoriste sessaye de nouveau à la comédie dramatique dans Aux Abois et Riviera. Je nai vu aucun des deux, mais personne ne semble avoir hurlé au génie. En parallèle, Semoun fait des apparitions de peu dintérêt (mais qui payent les bananes) dans les atroces Astérix aux Jeux Olympiques, Les Dalton ou People - Jet Set 2. En 2009, Elie revient dans un film dont il porte la paternité. Le film sappelle Cyprien et exploite le personnage du geek soucieux de trouver une « blonde à forte poitrine » dans les Petites Annonces. Curieux, javais cru comprendre que ce personnage avait fini par le saouler Ceci dit, cétait peut être le seul de la galerie à être jugé « bankable » (ça sest sans doute joué avec Kévina) ! Le casting de Cyprien compte Laurent Stocker, Léa Drucker et Catherine Deneuve. Et la bande nannonce rien qui vaille
Bilan : entre volonté de devenir un « véritable » acteur et besoin de remplir les caisses, son cur balance (plutôt du mauvais côté).
Gad Elmaleh : le (très) grand écart
Talentueux humoriste et fin businessman (il refuse dêtre diffusé sur « Rire et chansons » et orchestre parfaitement lexploitation vidéo de ses spectacles), Gad Elmaleh a connu assez tôt un succès destime au cinéma avec Salut cousin ! de Merzak Allouache (1995). La suite immédiate est moins inspirée : participation dans XXL, rôle de G.O dans le morne Les gens maillot de bain ne sont pas (forcément) superficiels, tête daffiche dans le très « dogme » A+ Pollux
Cest en remplaçant Vincent Elbaz dans La vérité si je mens 2 que le brun aux yeux bleus gagne ses galons de « valeur montante ». Au même moment, le public fait un triomphe à son second spectacle. Un personnage se dégage particulièrement, le travesti Chouchou. Ni une ni une, il se lance dans une adaptation cinématographique. En 2003, Chouchou débarque, avec Alain Chabat pour partenaire et à nouveau Allouache à la réalisation. Le film est profondément naze (cest mon avis) mais cartonne : plus de 4 millions de spectateurs. Gad devient le roi du monde et les producteurs nen manquent pas un miette. Dans une dynamique dorée il signe pour une flopée de films « mainstream » qui varient malheureusement du passable au mauvais : Hors de prix, La doublure, Olé !... A chaque fois Gad Elmaleh prend un air benêt et ne dégage jamais lénergie dont il sait faire preuve sur scène. Le niveau grimpe un brin avec le drame Comme ton père de Marco Carmel. A croire que sur pellicule, lhumour et la tchatche lui échappent irrémédiablement ! Peut être que la malédiction cessera avec son prochain Coco, autre reprise dun personnage de sketch (en loccurrence un businessman juif bling-bling décidé à faire de la Bar Mitzvah de son fils un truc de malade mental).
Bilan : à ce jour, mieux vaut apprécier le garçon dans un Zénith de province que dans une salle obscure !
Eric et Ramzy : ils patinent, et nous ne voyons pas d'autre explication
Lheure de la confession a sonné. Jadore Eric et Ramzy dans la série H, une série que je ne me lasse pas de revoir à loccasion. En revanche, je nai jamais pu passer la moitié de leurs spectacles. Insupportable, inécoutable et pire que tout pas drôle ! Au cinéma, même topo. En dépit de synopsis ou dunivers intrigants, cest toujours la consternation à l'arrivée. La Tour Montparnasse infernale, affichant plus dun million de spectateurs, leur a pourtant immédiatement donné les coudées franches.
Double zéro et Les Dalton ont suivi, selon la même odieuse formule (borborygmes et gags tombant à plat). Curieusement, le duo na pas vraiment assumé ces daubes, excepté lors de la promo contractuelle. Je ne me prononcerai pas sur le cas Steak (réalisé par le papa de Flat Eric) que je nai pas vu. En revanche le récent Seuls Two, produit à grands frais, ma royalement gonflé. Encore une idée incapable de tenir une pauvre heure et demie, alourdie par une interprétation sans surprise. Comme à chaque fois, j'ai capitulé, jouant allègrement du bouton avance rapide. Et puis je me demande vraiment pourquoi Eric Judor sévertue à jouer les demeurés sur grand écran (dans H, ce type mamuse vraiment... un vrai mystère).
Bilan : sorti de H, cest un cauchemar et ils trouvent des financiers pour lentretenir.
Jean-Marie Bigard : jusque là, c'est pas l'bol, hein !
Découvert après avoir usé ses fonds de culotte sur les bancs de La Classe, cet ancien prof de sport a rapidement séduit le grand public avec quelques sketches mémorables (la chauve-souris pour nen citer quun). Puis, la « beauferie » latente à fini par devenir patente. Aujourdhui Bigard manipule grands philosophes et paires de couilles, « bourre Bercy » quand ce nest pas le Stade de France et adore gloser autour du « lâcher de salopes »
Une manière comme une autre de se remettre dune carrière cinématographique peu probante. Daucuns se souviennent de sa première (et unique) réalisation, Lâme sur. Constatant le flop public, Bigard avait squatté les plateaux télé pour crier à linjustice et expliquer quil avait mis tout son cur et toute sa fortune dans laffaire Le pauvre homme. Javais réussi à voir la chose à une heure tardive sur Canal + : un monument dautocélébration naze et de romance vulgaire (à jeter par la fenêtre s'il n'y avait la présence de la pulpeuse Yvonne Scio) !
Bigard na pas été plus inspiré dans les films des autres. Le nul Oui ! dAlexandre Jardin, le nanar cheapos La Boîte du vieillissant Claude Zidi, le catastrophique Les Gaous dIgor SK, lun des plus mauvais Balasko, Arlette Sauvons du massacre Lautrec (il n'y tient qu'un second rôle). Cest peu.
Attention, en cette année 2009, Bigard revient à la charge dans Le Missionnaire, une comédie produite par Luc Besson, dans laquelle notre homme incarne un ancien détenu contraint d'enfiler la soutane. Vu d'ici, ça m'a l'air très fin.
Bilan : quil continue de bourrer Bercy et ses fans, cest ce quil fait de mieux
Bruno Salomone : dans lombre dun autre Nous C Nous
Fin des années 90, la formation comique des Nous C Nous gagne une petite notoriété à la télévision. Ils sont cinq. Bruno est accompagné de Manu Joucla, Eric Collado, Eric Massot et Jean Dujardin. Cest dans leur émission hebdomadaire que naissent les personnages Brice de Nice ou MC Saturn. Leur plus gros coup advient une fois nest pas coutume lorsquils sortent une chanson parodiant les boys bands. Par la suite, la bande séparpille. Spectacles en solo, émissions télé Dujardin gagne le gros lot avec Un gars une fille.
Derrière, cest moins évident, mais Salomone saccroche. Lunivers barré de son one man show marque les esprits (le cochon dinde notamment). Malgré tout, le cinéma peine à lui donner sa chance. Son premier rôle, il lobtient pour G@mer, une petite daube inspirée par le monde vidéo ludique, déjà ringardisée au moment de sa sortie. Il embraye avec Le Carton, comédie hystérico-migraineuse dont il partage laffiche avec Vincent Desagnat et quelques autres. Puis vient sa grande chance : un vrai premier rôle, partagé avec Alexandra Lamy pour Cherche fiancé tous frais payés. Las, cette comédie romantique est dun convenu désespérant et le public se fait un plaisir de lignorer. Un petit rôle (sympa) dans Hellphone et quelques doublages de DA (Les Indestrucibles notamment) plus tard, Bruno sinvestit dans Fool moon. Caramba, encore raté. Cette comédie (?) dont le scénar' est signé Artus de Penguern ne tient pas la distance, mais le garçon trouve au moins lopportunité de jouer sur un registre flegmatique qui lui va bien.
Bilan : un évident retard à lallumage, mais ya du potentiel ya-t-il un réalisateur pour le révéler pour de bon ?
Michael Youn : les 11 commandements pour tout foirer (jusquà preuve du contraire)
1/ Une émission matinale trash et décontractée tu fera. 2/ Aux 7 dOr à poil tu te baladera. 3/ Des chansons débiles par millions de singles tu écoulera. 4/ Un premier film de commande pas fameux (La Beuze) tu acceptera. 5 / Par une grosse poilade à la Jackass tournée avec les pieds tu embrayera. 6/ Le melon tu chopera. 7/ Dans un premier navet friqué (Iznogoud) tu te compromettra. 8/ Dans un second navet intersidéral (Incontrôlable) toute crédibilité tu perdra. 9/ Dans un film plus respectable (Lun reste lautre part) inaperçu tu passera. 10/ Muni dun compte en banque bien garni tu poireautera. 11/ Dans le sinistre Héros tu galèrera...
Bilan : s'il est encore capable de "coups" médiatiques est il enocre en mesure de nous surprendre agréablement ?
En bref...
Patrick Timsit : humoriste de moyenne gamme, Timsit a rapidement choisi de passer derrière la caméra une fois sa notoriété acquise. On peut dire que son tableau de chasse va decrescendo. Quasimodo del Paris était très sympa, Quelquun de bien un peu lourd mais énergique tandis que Laméricain naurait jamais dû voir le jour. Côté acteur, le bonhomme est capable du bon (Passage à l'acte, Le Cousin) comme de lexécrable (Paparazzi, Le prince du pacifique, Rue des plaisirs, Lemmerdeur).
Dany Boon : ce nest un secret pour personne, son Bienvenue chez les Chtis a attiré 20 millions de biloutes. Joli coup pour une comédie sympathique. Auparavant, Boon avait réalisé La maison du bonheur, adaptation de sa pièce La vie de chantier. Passable. Dans les films des autres, Monsieur « Waïka » peine à convaincre. Il en va ainsi avec Pédale dure (Gabriel Aghion, catastrophe nationale), Mon meilleur ami (un Leconte de bas de tableau) et De lautre côté du lit. Néanmoins, il y a un certain potentiel.