Les humoristes français au cinéma : tout un poème

Publié le par nikko13

Ah, le cinéma ! La consécration pour bien des artistes… et les humoristes n’échappent pas à la règle. Après un gros buzz médiatique et / ou un spectacle à succès, il est de bon ton de s’afficher dans un long métrage. Pour le meilleur et plus souvent pour le pire (faute du rire).

Océan Films

Elie Semoun : un opportuniste ne payant pas de mine ?

Le père Semoun est un cas difficile. Autant j’apprécie ses spectacles (même s’il a aujourd’hui une fâcheuse tendance à tourner en rond), autant au cinoche ça n’a jamais été brillant. A vrai dire, un seul réalisateur a su capitaliser sur son style sans trop tomber dans le radotage, c’est Bernie Bonvoisin. Ainsi Les démons de Jésus (1996) et – dans une moindre mesure – Les grandes bouches (1998) sont hautement recommandables (dommage que ce réalisateur se fasse porter pâle depuis le four (mérité) de Blanche). Certes, dans ces deux cas Elie n’a que des rôles secondaires. Lorsqu’il tient le haut de l’affiche, ça se corse. Dans les mêmes années 90, il se fourvoie dans une petite brochette de daubes : Le clône (seule relique d’ « Elie & Dieudonnésploitation », d’une tristesse effroyable), Charité Biz’ness (avec un Smaïn en perdition), Tout doit disparaître ou encore Stringer. Kezako Stringer ? C’est tout simplement son premier essai dans rôle dramatique, celui d’un paparazzi vidéaste dans les bas-fonds de New York. Seul intérêt à la chose : voir Elie donner la réplique à Burt Reynolds (qui se demande ce qu’il fiche là). On sera plus coulant avec Les parasites. Dans cette pochade, Semoun fait du Semoun (un flic crétin) mais le fait bien.

Elie Semoun et Ophélie Winter. Collection Christophe L. Elie Semoun et Vahina Giocante. Agat Films & Cie

Les années 2000 ne marquent pas un grand changement qualitatif. L’humoriste s’essaye de nouveau à la comédie dramatique dans Aux Abois et Riviera. Je n’ai vu aucun des deux, mais personne ne semble avoir hurlé au génie. En parallèle, Semoun fait des apparitions de peu d’intérêt (mais qui payent les bananes) dans les atroces Astérix aux Jeux Olympiques, Les Dalton ou People - Jet Set 2. En 2009, Elie revient dans un film dont il porte la paternité. Le film s’appelle Cyprien et exploite le personnage du geek soucieux de trouver une « blonde à forte poitrine » dans les Petites Annonces. Curieux, j’avais cru comprendre que ce personnage avait fini par le saouler… Ceci dit, c’était peut être le seul de la galerie à être jugé « bankable » (ça s’est sans doute joué avec Kévina) ! Le casting de Cyprien compte Laurent Stocker, Léa Drucker et Catherine Deneuve. Et la bande n’annonce rien qui vaille…

Bilan : entre volonté de devenir un « véritable » acteur et besoin de remplir les caisses, son cœur balance (plutôt du mauvais côté).

 ARP Sélection

Gad Elmaleh : le (très) grand écart

Talentueux humoriste et fin businessman (il refuse d’être diffusé sur « Rire et chansons » et orchestre parfaitement l’exploitation vidéo de ses spectacles), Gad Elmaleh a connu assez tôt un succès d’estime au cinéma avec Salut cousin ! de Merzak Allouache (1995). La suite immédiate est moins inspirée : participation dans XXL, rôle de G.O dans le morne Les gens maillot de bain ne sont pas (forcément) superficiels, tête d’affiche dans le très « dogme » A+ Pollux…

Gad Elmaleh et Audrey Tautou. TFM Distribution Gad Elmaleh et Virginie Ledoyen. Gaumont Columbia Tristar Films

C’est en remplaçant Vincent Elbaz dans La vérité si je mens 2 que le brun aux yeux bleus gagne ses galons de « valeur montante ». Au même moment, le public fait un triomphe à son second spectacle. Un personnage se dégage particulièrement, le travesti Chouchou. Ni une ni une, il se lance dans une adaptation cinématographique. En 2003, Chouchou débarque, avec Alain Chabat pour partenaire et à nouveau Allouache à la réalisation. Le film est profondément naze (c’est mon avis) mais cartonne : plus de 4 millions de spectateurs. Gad devient le roi du monde et les producteurs n’en manquent pas un miette. Dans une dynamique dorée il signe pour une flopée de films « mainstream » qui varient – malheureusement –  du passable au mauvais : Hors de prix, La doublure, Olé !... A chaque fois Gad Elmaleh prend un air benêt et ne dégage jamais l’énergie dont il sait faire preuve sur scène. Le niveau grimpe un brin avec le drame Comme ton père de Marco Carmel. A croire que sur pellicule, l’humour et la tchatche lui échappent irrémédiablement ! Peut être que la malédiction cessera avec son prochain Coco, autre reprise d’un personnage de sketch (en l’occurrence un businessman juif bling-bling décidé à faire de la Bar Mitzvah de son fils un truc de malade mental).

Bilan : à ce jour, mieux vaut apprécier le garçon dans un Zénith de province que dans une salle obscure !

Ramzy Bedia et Eric Judor, voix françaises de  

Eric et Ramzy : ils patinent, et nous ne voyons pas d'autre explication

L’heure de la confession a sonné. J’adore Eric et Ramzy dans la série H, une série que je ne me lasse pas de revoir à l’occasion. En revanche, je n’ai jamais pu passer la moitié de leurs spectacles. Insupportable, inécoutable et – pire que tout – pas drôle ! Au cinéma, même topo. En dépit de synopsis ou d’univers intrigants, c’est toujours la consternation à l'arrivée. La Tour Montparnasse infernale, affichant plus d’un million de spectateurs, leur a pourtant immédiatement donné les coudées franches.

Eric Judor et Ramzy Bedia.  Eric, Romain Berger, Saïd Serrari et Ramzy. UGC Images / Laurent Pons

Double zéro et Les Dalton ont suivi, selon la même odieuse formule (borborygmes et gags tombant à plat). Curieusement, le duo n’a pas vraiment assumé ces daubes, excepté lors de la promo contractuelle. Je ne me prononcerai pas sur le cas Steak (réalisé par le papa de Flat Eric) que je n’ai pas vu. En revanche le récent Seuls Two, produit à grands frais, m’a royalement gonflé. Encore une idée incapable de tenir une pauvre heure et demie, alourdie par une interprétation sans surprise. Comme à chaque fois, j'ai capitulé, jouant allègrement du bouton avance rapide. Et puis je me demande vraiment pourquoi Eric Judor s’évertue à jouer les demeurés sur grand écran (dans H, ce type m’amuse vraiment... un vrai mystère).

Bilan : sorti de H, c’est un cauchemar… et ils trouvent des financiers pour l’entretenir.

Pathé Distribution

Jean-Marie Bigard : jusque là, c'est pas l'bol, hein !

Découvert après avoir usé ses fonds de culotte sur les bancs de La Classe, cet ancien prof de sport a rapidement séduit le grand public avec quelques sketches mémorables (la chauve-souris pour n’en citer qu’un). Puis, la « beauferie » latente à fini par devenir patente. Aujourd’hui Bigard manipule grands philosophes et paires de couilles, « bourre Bercy » quand ce n’est pas le Stade de France et adore gloser autour du « lâcher de salopes »…

Jeremy Irons et Jean-Marie Bigard. Les Films 13

Une manière comme une autre de se remettre d’une carrière cinématographique peu probante. D’aucuns se souviennent de sa première (et unique) réalisation, L’âme sœur.  Constatant le flop public, Bigard avait squatté les plateaux télé pour crier à l’injustice et expliquer qu’il avait mis tout son cœur et toute sa fortune dans l’affaire… Le pauvre homme.  J’avais réussi à voir la chose à une heure tardive sur Canal + : un monument d’autocélébration naze et de romance vulgaire (à jeter par la fenêtre s'il n'y avait la présence de la pulpeuse Yvonne Scio) !

Bigard n’a pas été plus inspiré dans les films des autres. Le nul Oui ! d’Alexandre Jardin, le nanar cheapos La Boîte du vieillissant Claude Zidi, le catastrophique Les Gaous d’Igor SK, l’un des plus mauvais Balasko, Arlette… Sauvons du massacre Lautrec (il n'y tient qu'un second rôle). C’est peu.

Attention, en cette année 2009, Bigard revient à la charge dans Le Missionnaire, une comédie produite par Luc Besson, dans laquelle notre homme incarne un ancien détenu contraint d'enfiler la soutane. Vu d'ici, ça m'a l'air très fin.

Bilan : qu’il continue de bourrer Bercy et ses fans, c’est ce qu’il fait de mieux

AlloCiné

Bruno Salomone : dans l’ombre d’un autre Nous C Nous

Fin des années 90, la formation comique des Nous C Nous gagne une petite notoriété à la télévision. Ils sont cinq. Bruno est accompagné de Manu Joucla, Eric Collado, Eric Massot et Jean Dujardin. C’est dans leur émission hebdomadaire que naissent les personnages Brice de Nice ou MC Saturn. Leur plus gros coup advient – une fois n’est pas coutume – lorsqu’ils sortent une chanson parodiant les boys bands. Par la suite, la bande s’éparpille. Spectacles en solo, émissions télé… Dujardin gagne le gros lot avec Un gars une fille.

Bruno Salomone et Saïd Taghmaoui. Cinédia Films Alexandra Lamy et Bruno Salomone. ARP Sélection

Derrière, c’est moins évident, mais Salomone s’accroche. L’univers barré de son one man show marque les esprits (le cochon d’inde notamment). Malgré tout, le cinéma peine à lui donner sa chance. Son premier rôle, il l’obtient pour G@mer, une petite daube inspirée par le monde vidéo ludique, déjà ringardisée au moment de sa sortie. Il embraye avec Le Carton, comédie hystérico-migraineuse dont il partage l’affiche avec Vincent Desagnat et quelques autres. Puis vient sa grande chance : un vrai premier rôle, partagé avec Alexandra Lamy pour Cherche fiancé tous frais payés. Las, cette comédie romantique est d’un convenu désespérant et le public se fait un plaisir de l’ignorer. Un petit rôle (sympa) dans Hellphone et quelques doublages de DA (Les Indestrucibles notamment) plus tard, Bruno s’investit dans Fool moon. Caramba, encore raté. Cette comédie (?) dont le scénar' est signé Artus de Penguern ne tient pas la distance, mais le garçon trouve au moins l’opportunité de jouer sur un registre flegmatique qui lui va bien.

Bilan : un évident retard à l’allumage, mais y’a du potentiel… y’a-t-il un réalisateur pour le révéler  pour de bon ?

Pathé Distribution

Michael Youn : les 11 commandements pour tout foirer (jusqu’à preuve du contraire)

1/ Une émission matinale trash et décontractée tu fera. 2/ Aux 7 d’Or à poil tu te baladera. 3/ Des chansons débiles par millions de singles tu écoulera. 4/ Un premier film de commande pas fameux (La Beuze) tu acceptera. 5 / Par une grosse poilade à la Jackass tournée avec les pieds tu embrayera. 6/ Le melon tu chopera. 7/ Dans un premier navet friqué (Iznogoud) tu te compromettra. 8/ Dans un second navet intersidéral (Incontrôlable) toute crédibilité tu perdra. 9/ Dans un film plus respectable (L’un reste l’autre part) inaperçu tu passera. 10/ Muni d’un compte en banque bien garni tu poireautera. 11/ Dans le sinistre Héros tu galèrera...

Bilan : s'il est encore capable de "coups" médiatiques est il enocre en mesure de nous surprendre agréablement ?

En bref...

Patrick Timsit : humoriste de moyenne gamme, Timsit a rapidement choisi de passer derrière la caméra une fois sa notoriété acquise. On peut dire que son tableau de chasse va decrescendo. Quasimodo del Paris était très sympa, Quelqu’un de bien un peu lourd mais énergique tandis que L’américain n’aurait jamais dû voir le jour. Côté acteur, le bonhomme est capable du bon (Passage à l'acte, Le Cousin) comme de l’exécrable (Paparazzi, Le prince du pacifique, Rue des plaisirs, L’emmerdeur). 

Dany Boon : ce n’est un secret pour personne, son Bienvenue chez les Ch’tis a attiré 20 millions de biloutes. Joli coup pour une comédie sympathique. Auparavant, Boon avait réalisé La maison du bonheur, adaptation de sa pièce La vie de chantier. Passable. Dans les films des autres, Monsieur « Waïka » peine à convaincre. Il en va ainsi avec Pédale dure (Gabriel Aghion, catastrophe nationale), Mon meilleur ami (un Leconte de bas de tableau) et De l’autre côté du lit. Néanmoins, il y a un certain potentiel.



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L
ah bah oui mais alors faut mettre un "(1)" derrière le titre pour faire monter la pression / péter l'audimat...
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N
Parce que j'y viens bonhomme (y'a Dujardin, et quelques autres) ! <br /> <br /> Pour tout dire j'ai mis en stand by cet article afin de mater Australia... Encore une critique dans le "pipe" qu'il va falloir écouler un de ces 4 !
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L
énorme billet (quasi encyclopédique)<br /> <br /> Pour ma part, Eric & Ramzy me font rire à l'écran aussi même si je n'ai jamais réellement saisi pourquoi.<br /> Et Jean Dujardin, parfait cabotineur dans OSS 117, gras et ringard dans Brice, au rendez-vous dans Contre-Enquête, pourquoi t'en parles pas ?
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