Gegenüber de Jan Bonny
D'un naturel calme et réfléchi, Georg est un policier apprécié par tous ses collègues. Son partenaire Michael, plus jeune que lui, admire aussi Georg pour l'harmonie qui règne apparemment dans le couple qu'il forme avec Anne, une séduisante institutrice. Mais alors que Georg monte en grade, le voilà qui perd toujours davantage le contrôle sur la façade soigneusement entretenue de sa vie de famille "intacte". Peu à peu, les conflits qui rythment l'existence d'Anne et de Georg depuis des années filtrent vers l'extérieur: le combat désespéré d'Anne pour être reconnue, et les traces des violences conjugales, désormais impossibles à dissimuler.
Indéniablement, Gegenüber a été l'un des chocs de la Quinzaine des Réalisateurs 2007. Le sujet de la violence conjugale n'a pas été fréquemment traité au cinéma, mais Jan Bonny a apporté un élément dérangeant supplémentaire en faisant de la femme le bourreau. Visuellement, on se rapproche de l'esthétique du cinéma social, résolument réaliste, presque poisseux.
Très rapidement, le malaise s'installe et happe le spectateur pour ne plus le lacher. Anne vit mal la satisfaction professionnelle de son mari, le départ des ses enfants, ses ambitions laissées en jachère, l'usure de son couple et de corps. Lorsque les coups pleuvent sur Georg, l'assistance rit, comme pour s'extraire d'une situation surréelle. Ce pourtant une réalité qui se cache dans bien des foyers. L'appartement théâtre de cette dérive sentimentale devient une prison sinon le lieu de toutes les frustrations. Et quand Georg finit par répondre, le public cannois ne manque pas d'applaudir, exutoire visiblement nécessaire. C'est aussi le signe clair que Jan Bonny a réussi une oeuvre particulièrement forte. Mieux encore, aucune conclusion n'est imposée, il est donc autorisé d'imaginer la suite en fonction de sa sensibilité.
Décidément, le jeune cinéma allemand (je pense à PingPong et La vie des autres) ne cesse plus de surprendre !
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